lundi 21 décembre 2009

La bataille de San Francisco

Voici, enfin, la suite de la série d'article que j'avais commencé sur la Guerre du Pacifique. Avec un petit retour en arrière puisqu'on revient sur la bataille de San Francisco du 2 Novembre 1879; bataille que j'avais à l'époque évoquée en trois lignes.
Depuis, j'ai trouvé un récit plus détaillé de ce combat qui se situe entre les deux articles déjà publiés.
Les planches d'uniformes chiliens qui l'illustrent viennent de batallas.org.

Après le débarquement à Pisagua, l'armée chilienne sépara et isola les bastions alliés d'Arica et d'Iquique, rencontrant peu de résistance. Le 6 juillet, la cavalerie chilienne du lieutenant-colonel Vergara anéantissait les cavaliers péruviens du régiment Husares de Junin lors du combat de Pampa Germania.

L'armée chilienne avait pris la précaution de sécuriser tous les rares points d'eau du désert d'Atacama et de se positionner sur des hauteurs facilement défendables. Pendant ce temps, l'armée péruvenne commandé par le vieux, mais incompétent, général Juan Buendia se mit en marche afin d'intercepter les forces chiliennes.
Buendia espérait que ses alliés boliviens commandés par le président Hilarion Daza se joindrait à ses troupes pour avoir l'avantage du nombre sur les chiliens retranchés au sommet de la colline de San Francisco. Mais, la route menantdes hauts plateaux boliviens à San Francisco était longue et périlleuse. De plus, les boliviens s'obstinèrent à marcher en plein jour, subissant ainsi la terrible chaleur du soleil du désert.
Naturellement, quand les boliviens atteignirent le ruisseau de Camarones, près de San Francisco, ils n'étaient pas en condition de livrer bataille. Buendia fut obligé de faire face aux chiliens seuls.

SITUATION DE DEPART

Situation de départ des chiliens:

Le 7 novembre, le 1er régiment de ligne « Buin », lee régiment de ligne et les bataillons Atacama et Coquimbo accompagnés d'une batterie d'artillerie quittèrent Hospicio pour Dolores. Le lendemain, le 3e régiment de ligne, les bataillon d'artillerie navale (Navales), Valparaiso et une autre batterie les suivirent.
Les deux colonnes se réunirent à Dolores le 10 novembre. Les forces chiliennes rcomptaizent alors 6500 hommes sous les ordres du colonel Emilio Sotomayor.

Situation de départ des péruviens :

Le 5 novembre, les alliés quittèrent Pozo Almonte, récupérant des soldats isolés au passage. Le 13, Buendia quittait Pozo Almonte et se dirigeait vers Agua Santa qu'il atteingait quatres jours après. Au cours de la marche, les soldats souffrirent du manque d'eau et de nourriture. Les troupes se dirigèrent ensuite vers Negrito et donc vers Dolores. La nuit du 18 novembre, le général Buendia décida d'avancer sur Dolores et d'engager les troupes chiliennes qui s'y trouvaient.



DISPOSITION DES ARMEES

Disposition et plan de bataille chiliens:


Lorsqu'un groupe d'éclaireurs du régiment de cavalerie des Cazadores a Caballo rencontra les forces alliées, le colonel Sotomayor – après une discussion animée avec le lieutenant-colonel José Francisco Vergara – décida de fortifier ses positions au sommet de la colline de San Franscisco où la supériorité numérique des alliés ne pourrait pas jouer. L'artillerie fut divisée en petits groupes protégés par l'infanterie.
Les forces chiliennes furent divisées en 3 groupes et déployés comme suit:
Le régiment « Buin », les bataillons Valparaiso et Navales, une batterie de 6 canons commandés par le capitaine Roberto Wood et une batterie de montagne de 6 canons dirigée par le capitaine Eulogio Villareal se déployèrent sur l'élévation nord de la colline de Dolores
Le 4° régiment de ligne avec les bataillons Atacama et Coquimbo, une batterie de 8 pièces commandée par le sergent-major Jose Maria de la Cruz, une autre batterie de 6 pièces et les deux mitrailleuses Gatling du sergent-major Benjamin Montoya se disposèrent sur la partie sud-est de cette colline.
Le 3° régiment de ligne, un détachement de 50 soldats de diffèrentes unités, quelques cavaliers du regiment des Cazadores a Caballo et 2 batteries de quatre canons chacune se placèrent sur les collines de San Bartolo et Tres Clavos.




Le plan de bataille et le déploiement péruvien:

Le général Buendia divisa ses 7400 hommes en trois colonnes. Il comptait sur la présence des boliviens de Daza mais ces derniers, exténués, décidèrent de retrourner à Arica après leur longue marche.
Les trois colonnes furent placées sous le commandement de Belisario Suarez, d'Andres caceres et de Buendia lui-même. La colonne de Suarez se composait des divisions Villamil, Bolognesi et Velarde; formées des Cazadores de Cuzco n°5, des Cazadores de la guardia n°7, des bataillons Ayacucho, Guardia de Arequipa, Aroma, Vengadores, Victoria et Colquechaca.
Buendia avait sous ses ordres les divisions Villegas, Bustamante et Davila divisions, formées à partir des bataillons Ayacucho nº3, Provisional de Lima nº3, Cerro de Pasco, Puno nº6, Lima nº8, Illimani, Olañeta, Paucarpata et Dalance accompagnés de deux escadrons de cavalerie et d'une batterie à 6 canons.
La troisième colonne, celle de Caceres, se trouvait en réserve à l'arrière.




LA BATAILLE

Quelques soldats boliviens qui était parti chercher de l'eau au puit de San Francisco tirèrent accidentellement quelques coups de feu. Croyant qu'une attaque était imminente, les chiliens répliquèrent par un coup de canon. Ce fut ce qui déclencha la bataille. Malgrè les efforts des officiers alliés pour contenir leurs hommes, les forces péruviennes et boliviennes attaquèrent les positions chiliennes en désordre.

Le général bolivien Carlos Villegas avec deux compagnies des bataillons Puno et Ayacucho accompagnées de deux autres compagnies des bataillons Illimani et Olañeta ouvrirent le feu à longue portée sur les positions chiliennes sans causer de dégâts.

Le colonel Lavandez en personne avec la première compagnie du bataillon Dalance s'avança vers les batteries chiliennes du groupe d'Amunategui, sur l'aile gauche chilienne, s'approchant jusqu'à 40 pas. Le général Villegas ordonna alors à une autre compagnie du bataillon Dalance d'entrer en action avec les bataillons Lima n°8 et Puno.


Pendant ce temps, la colonne de Buendia se dirigeait vers la colline de Dolores en faisant un demi-cercle pour essayer de prendre les positions chiliennes à Tres Clavo. Tandis que cette manoeuvre se faisait, les batteries chiliennes de Frias et Carvallo prirent les troupes de Buendia sous leurs tirs croisés, brisant la formation alliée pour un moment. Les troupes péruviennes réussirent cependant à se réorganiser et continuèrent d'avancer vers leur objectif malgré des pertes sévères. Lorsqu'elles s'approchèrent, eles furent stoppées par les six compagnies d'infanterie chilienne du 3° régiment de ligne qui étaient postées là et furent obligées de retraiter jusqu'à être hors de portée des canons chiliens.
Villegas, ayant une partie de ses troupes engagées en combat avec Amunategui, avança avec le reste de ses hommes pour renforcer Lavadenz et Espinar. Il chargea la batterie de Salvo, uniquement défendue par ses 56 servants. Salvo dispersa ses hommes afin qu'ils défendent leurs position avec leurs fusils après avoir encloué leurs canons pour qu'ils ne tombent pas aux mains des alliés en attendant des renforts.


Deux compagnies du bataillon Atacama vinrent au secours de Salvo, forçant l'enemi à se replier. Les alliés se rallièrent au pied de la colline grâce à la présence d'une autre compagnie du bataillon Dalance et chargèrent de nouveau. Mais cette fois-ci, une autre compagnie chilienne du bataillon Coquimbo s'était jointe aux défenseurs et, avec leur soutien, lança une contre-attaque sur les pentes de la colline. Une dernière attaque eut lieu mais elle fut aussitôt repousée par une charge à la baionette. Cette fois-ci, les alliés se retirèrent définitivement.
Les troupes chiliennes ne poursuivirent pas les alliés en retraite, restant sur leurs positions dans l'hypothèse où l'ennemi se regrouperait pour attaquer le lendemain.

Epilogue:

Les chiliens perdirent 208 hommes, morts ou blessés. Les alliés en avaient perdu 296 auquel s'ajoutaient plus de 3000 disparus. Cette défait fut un coup dur pour l'armée péruvienne. Les troupes restantes se dirigèrent vers Tarapaca.

Le fait de faire à nouveau des recherches sur ce conflit m'a donné envie de le jouer. Si j'ai un peu de temps, je vais essayer de faire des fantassins chiliens et péruviens à partir de figurines en plastique PERRY.

Je ne me disperse pas, j'anticipe.....au cas où je viendrais à manquer de projets. On sait jamais...

dimanche 6 décembre 2009

J'étais à Mount Jackson (3)

Après un nuit terrible dans le froid et la pluie, réveil à sept heures. C'est pas grave, je dormais pas.... On se rassemble en silence pour le "fall in". Ce n'est pas une parade, juste un appel. On a donc des soldats en sack coat, en manteaux, en bonnet de nuit, avec des couverturs sur le dos. Bref, l'armée du Potomac au réveil après une nuit à la dure ressemble assez à un groupe de clochards.

http://news.webshots.com/photo/2030140650100906774DbWnKZ">Normandie Camp, novembre 2009

Les gradés donnent les consignes: pas le temps de faire chauffer le café, deux hardtacks par homme et on part attaquer les sudistes. Vu la déroute de la veille, la nouvelle fait plaisir à tout le monde.
Le jour se lève à peine et, dans le petit matin froid, on s'équipe avant de se mettre en route. Sans un bruit, nous nous disposons dans la plaine en contrebas du camp rebelle. Ils sont réveillés mais ne semblent avoir rien remarqué.


L'assaut commence! Un groupe attaque par le chemin menant au camp tandis que quelques hommes (dont je fais partie) restent en bas pour les couvrir et empêcher une sortie.
Nos hommes sont copieusement reçus par les tirs ennemis et l'attaque par le chemin finit par piétiner. Au bout d'un moment, nous essayons donc autre chose et on profite du fait que les confédérés soient distrait par cette attaque pour se lancer sur la pente recouverte de fougères à l'assaut de leur camp.
Là aussi, la progression est difficile et nous finissons par nous retrouver bloqués avec des pertes qui montent.
Notre officier se décide donc à ordonner le repli. Nous nous redéployons en tirailleurs dans la plaine et commençons à bâtir des barricades de troncs d'arbres en prévision de la riposte sudiste.
Celle-ci tarde à venir et nous échangeons quelques tirs à longue distance. A défaut d'avoir pris leur camp, on les a réveillé en beauté et on leur a mis une belle pression dès le matin. C'est pas si mal......

Normandie Camp, novembre 2009">

Mais voilà que ça bouge dans le camp confédéré. Un groupe descend sur notre flanc gauche tandis qu'un autre lace un assaut de face. Je me retrouve, avec quelques autres soldats à devoir bloquer l'attaque de flanc. Ils sont beaucoup plus nombreux que nous....gloups....
L'ennemi s'approche en colonne et nous décidons de réserver nos tirs pour le moment où ils devront ralentir pour franchir un passage dans la clôture. On fait feu et....pas une seule perte....ça s'annonce mal. La colonne rebelle se redéploie en ligne tandis que nous rechargeons fébrilement nos mousquets et s'apprête à faire un feu de salve.
"Baissez vous et ne tirez que quand ils chargeront!"
Aim! Fire! Les balles sudistes passent au dessus du monticule dérrière lequel nous sommes couchés. Des cris....Ils chargent!
On attend, on attend....Maintenant! On se relève et on tire. En face, les sudistes s'écroulent, fauchés en pleine charge.

Pas le temps de se réjouir, j'ai à peine commencé à recharger mon Springfield qu'un capitaine rebelle est sur nous et nous menace de son sabre: "Surrender! Surrender!". Un coup de feu, venu de derrière moi l'abat. A mes côté, Paco se bat au corps à corps. Je ne comprends plus rien à ce qui se passe....le stress. Un soldat sudiste me charge en hurlant. J'essaye de finir de recharger mon arme mais il est trop rapide. Un coup de feu venu du côté retentit et il s'écroule à quelques pas de moi.
Je renonce à recharger mon fusil et je rejoins Paco dans des combats au corps à corps en hurlant. On abat un dernier adversaire et on se regarde un peu hébétés.....Ca a beau être "pour de faux", la peur et la tension sont là.....

La victoire est à nous, les derniers ennemis se rendent. Fin du scénario.
Merci à nos amis du French Mess de nous avoir offert ce moment de bravoure du dimanche matin.

Malheureusement pour ceux qui n'étaient pas là, les quelques photographes qui se trouvent dans nos rangs laissent de côté leur appareil lors des combats. Heureusement, j'ai trouvé ce petit film, réalisé il y a deux ans au même endroit et à la même époque qui vous donnera une idée de ce à quoi ressemblent nos combats.

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Comme il reste encore un peu de temps avant de ranger le camp, une scéance de drill est organisé sous la direction de Gareth, le capitaine sudiste. Nous révisons les mouvements de base et pouvons enfin manoeuvrer en compagnie, gris et bleus réunis.
La scéance se termine par un feu de salve de cinq cartouches. Le bruit et la fumée dégagée sont impressionnant....et nous ne sommes que 23. Ca permet d'imaginer ce que devait être un vrai champs de bataille.....

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The Blue & The Gray together">

Après un dernier repas, vient le moment de ranger le camp et de se dire au revoir.


Pour ma part, j'ai été enchanté de cette première expérience et je recommencerais avec plaisir. Ce week-end a été une véritable immersion dans le XIX° siècle. Bien sûr, nous ne sommes que des gens du XXI° siècle habillés en soldats ou en civils de l'époque mais il y a, par moment, des instants de grâce, des sortes de flash qui vous font oublier ça et font que croyez vraiment être revenu 150 ans en arrière.
Pour ça, pour l'ambiance qui règne, pour les gens formidables que j'ai rencontré, j'y retournerais.