dimanche 15 novembre 2009

J'étais à Mount Jackson (2)

Une fois le repas terminé au piquet de garde, nous effectuons de petites corvées (remplir les gourdes, apporter du bois pour le feu) avant de gagner le camp.

Normandie Camp, novembre 2009">

Là, on profite un peu des rayons du soleil tout en trouvant bizarre que les sudistes n'aient encore pas lancé d'attaque. Pour ceux qui connaissent nos amis du "French mess", ça n'est pas dans leurs habitudes.....

Normandie Camp, novembre 2009">

A peine ses paroles sont elles prononcées que des coups de feu retentissent!
Les rebelles attaquent le piquet de garde!
On se ré-équipe dans l'urgence et on se rassemble autour de nos gradés. Le lieutenant Ingalls décide d'envoyer le gros de la troupe faire face à l'ennemi pendant qu'un groupe, dirigé par un caporal, ira au secours du piquet de garde. Je fais partie de ce groupe de quatre hommes. Nous progressons à couvert en direction du piquet de garde et, lorsque nous arrivons, une vision de carnage s'offre à nous: les combats à cet endroit sont terminés et les corps de tous nos compagnons et de quelques rebelles jonchent le sol.
Mais la bataille continue au milieu de la plaine. Notre caporal prends deux hommes avec lui pour attaquer les sudistes sur leur flanc tandis que je défends le piquet de garde avec un autre soldat. A l'abri derrière des barrières, nous faisons le coup de feu sur les sudistes qui se montrent.

La manoeuvre de nos troupes réussit et les confédérés se replient au delà de la cabane. Il est temps de contre-attaquer!

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Nous laissons le piquet de garde pour nous joindre au reste de la troupe. Arrivé au niveau de la cabane les tirs s'intensifient. Le private Aubrey s'écroule. Je me porte à sa hauteur. Il est blessé. Je décide donc de le transporter jusqu'à la cabane. C'est pas évident, sa blessure lui permettant tout juste de marcher. En chemin, je croise notre lieutenant qui me crie "J'ai besoin de tous mes hommes!".
Oups!
J'entre donc rapidement dans la cabane, jette mon compagnons sur une paillasse et crie aux deux femmes de s'occuper de lui avant de repartir au combat. Cet incident les marquera pour le week-end :o)))))
Nous partons donc à l'assaut des lignes sudistes.

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Un confédéré tire dans ma direction et je décide de tomber. Je passerais donc le reste de l'escarmouche à faire le mort.....et à me reposer par ce qu'après avoir porté Aubrey je suis sacrément essouflé.

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Visiblement, il y a eu des pertes dans nos rangs car les notres se replient et on entend les cris de joie des sudistes. Les vainqueurs dépouillent notre officier mort et trouvent Aubrey dans la cabane. Malgré ses hurlements de douleur (n'oublions pas qu'il est blessé), il est emmené dans le camp sudiste où il mourra peu après.
Fin de l'escarmouche, les morts se relèvent et regagnent leur camp.

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La fin de l'après-midi verra la négociation d'une trêve entre les deux camps et, le soir venu, nordistes et sudistes se retrouvent à la cabane pour fêter Noël (le scénario se passe le 25 décembre et nous sommes entre Virginiens).

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Il y a des chants, du pudding, un sapin (décoré comme à l'époque), des cadeaux (des fruits secs et du popcorn). Bref, un Noël de 1863.

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La cabane est un peu petite, aussi je reste dehors à discuter près du feu. Il y a énormèment de figurinistes dans les reconstitueurs présent; la discussion tourne donc autour de notre passion pour les petits bonhommes de plomb et de plastique.

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Au bout d'un moment, je me décide à aller me coucher. Le couchage de l'époque est sommaire: une tente-abri pour deux et de la paille sur le sol. Première constatation: les gens de l'époque étaient petits. Quoi que je fasse, ma tête ou mes pieds dépassent de la tente. Je décide d'abriter ma tête et m'emmènage un couchage sommaire avec une couverture et mon manteau, mon sack coat me servant d'oreiller. Mauvaise idée.
A peine couché, il pleut. J'eassaye de m'abriter complètement sous la tente mais, malgré ça, mes pieds se mouillent. Entre le froid et la pluie, je passerais certainement une des pires nuits de ma vie à ne pas pouvoir fermer l'oeil.
L'expérience sera salutaire: la prochaine fois, je saurais comment procéder pour dormir au sec.
En tout cas, je ne peux m'empêcher de penser à ceux qui, à toutes les époques, ont connu cette situation.

Suite et fin au prochain épisode....

mercredi 11 novembre 2009

J'étais à Mount Jackson

Vendredi 6 novembre: après des mois d'attente et de préparatifs divers, nous voici à la veille du camp Sécession organisé par le "20th Maine" et le "French mess". La personne qui me prête les effets qui me manquent n'ayant pas pu se libérer le vendredi, nous ne commencerons le camp que le samedi matin. Nos amis sont déjà sur place depuis le début de l'après-midi.
On se retrouve donc vers vingt heures chez William, en banlieue parisienne. Certains d'entre nous on décidé d'adopter une capillarité XIX° siècle pour l'occasion....ça fait un décalage avec les vêtements du XXI° siècle. Visiblement, ça ne dérange pas l'épouse et les enfants de notre hôte, habitués à héberger des barbus hirsutes la veille des camps. On mange un morceau, on discute beaucoup....normal, on est entre passionnés d'histoire et de guerre de sécession....puis, vers une heure du matin, on devient raisonnables: renonce à regarder "Glory" et on décide d'aller se coucher. Le départ est prévu pour 4h30.

A l'heure dite, nous sommes dans la voiture, en route pour la Normandie. Le coffre du Kangoo ressemble à un dépôt militaire: fusils, uniformes, sac à dos, couvertures.....rien ne manque.

Sept heures, nous arrivons sur le parking du camp. Le jour ne s'est pas encore levé et il pleut. Et là, premier choc: il y a des soldats nordistes au milieu des voitures. Dans l'obscurité, la vision est saisissante. On a beau se dire que ce sont des reconstitueurs comme nous, ça fait bizarre et ça commence à vous mettre dans l'ambiance.
On se change sur le parking, dans le froid du petit matin. Je me regarde dans la vitre d'une voiture et le reflet me renvoie....un soldat nordiste. J'ai du mal à réaliser....drôle de sensation...malgrè la présence des voitures, je suis déjà en 1863. Un dernier coup de téléphone à Madame avant d'être coupé du monde moderne pour plus de vingt quatre heures et on descend vers le camp.


Vu qu'on arrive alors que le camp à déjà commencé, nous essayons d'être le plus discrets possibles. On salut ceux qui sont déjà là et on prend un café accompagné d'hardtacks (biscuits salés cuits à la graisse de porc....délicieux) au piquet de garde. Le terrain sur lequel nous allons passer le week-end est un pré entouré de bois au fond d'une vallée. Il y a une cabane de rondins au centre et les camps sudistes et nordistes sont à chaque extrêmité. Le Nord a installé un piquet de garde (une tente pour 4 hommes et quelques barrières) bien en avant du camp. De là, nous avons vue sur tout le terrain sans toutefois pouvoir apercevoir le camp sudiste.

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Nous sommes deux nouveaux dans le groupe. Il faut me trouver un nom d'époque. "Seb" faisant trop moderne, je deviens "Jeb". Dorénavant, je serais connu sous ce patronyme sur le forum et dans les camps à venir. Un caporal nous explique rapidement le "drill" nordiste et le tir au Springfield et nous sommes parés à rejoindre nos compagnons.

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Les ordres sont donnés en anglais et on essaye de parler anglais lors des combats. Le reste du temps, on emploie le français entre nous et l'anglais avec les reconstitueurs étrangers. Plus de 750 000 étrangers ont combattu dans l'armée du Nord; la présence d'émigrants ou de volontaires français regroupés dans une même compagnie est donc tout à fait réaliste.

Normandie Camp, novembre 2009">

Je me retrouve de garde au piquet avec trois autres soldats (ce qu'on appelle un "mess", un groupe de soldats qui vivaient toujours ensembles). On discute, on boit des litres de café (plus important que l'eau pour les américains de l'époque) et, accessoirement, on jette un oeil sur les lignes sudistes. Tout est calme. Il y a juste un peu d'animation au niveau de la cabane où Keith Summers et sa cousine viennent de se réveiller.

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La pluie s'est arrêté et le soleil se montre. Notre officier décide donc de nous entraîner au combat de tirailleurs, celui que nous pratiquerons le plus par manque d'effectifs (mais on apprendra aussi à combattre en ordre serré en prévision des grosses batailles). Le drill de l'époque, basé sur celui des chasseurs à pied français, n'est pas compliqué pour les passionnés d'histoire et de wargame que nous sommes....c'était peut être une autre paire de manche pour l'inculquer à un fermier illettré de Pennsylvanie ;o)
En plein milieu de notre entraînement, nous voyons surgir des tirailleurs sudistes face à nous! Le drill se transforme alors en combat de tirailleurs!!
Je tire mes premiers coups de feu. C'est long: il faut prendre une cartouche dans sa giberne, la déchirer avec les dents (perso, j'adooore ça!!), la verser dans le canon du fusil, tasser le tout au fond avec la baguette, ranger la baguette, mettre une capsule de fulminate prise dans la poche à capsule sur la cheminée, armer le chien, viser et tirer.....le tout sous le feu ennemi. Tout ça doit bien me prendre une minute avec les doigts engourdis par le froid du matin.
J'ai une pensée pour les soldats de l'époque qui tiraient jusqu'à trois coups par minute....

Normandie Camp, novembre 2009">

Malgrè leurs pertes, les sudistes commencent à nous déborder sur un flanc.
"Retreat!!"
On se replie sous les sarcasmes et les "rebell yells" de nos adversaires. Les soldats de Lee en profitent pour se ravitailler (certains parleraient de pillage) dans la cabane avant de regagner leur camp.

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Il n'y a pas de règles en ce qui concerne les combats. Celui qui estime qu'il a été touché tombe, décide si il est mort ou blessé. Bref, le fair-play le plus absolu règne et ça tourne bien. Le déroulement des escarmouches n'est pas du tout scénarisé à l'avance. Les officiers dirigent leurs hommes et savent les replier si l'adversaire les contourne ou les déborde. Bref, pour eux, c'est du wargame grandeur nature!

Mais il est déjà l'heure de manger au piquet de garde. Au menu: poids cassés et porc salé accompagné d'un demi hardtack. Pour les repas, les soldats faisaient au plus simple. La timbale en métal sert aussi bien de tasse que d'assiette et, pour les couverts, une cueillère suffit.

La suite au prochain numéro...